NÉHÉMIE & JAKE ↔ CE N'EST QU'AVEC LE PASSÉ QU'ON FAIT L'AVENIR

Le regard figé sur le plafond de ma chambre, j’ai beaucoup de mal à dormir. Le soleil n’a même pas encore commencé à s’élever dans le ciel et pourtant, je suis bien éveillé. La nuit a été très longue, j’ai à peine fermé l’œil, comme toujours en fait. Peu de gens comprendraient ce que je vis, les pensées qui traversent mon esprit. C’est trop compliqué, trop fou, je n’arrive même pas à trouver ma véritable identité, je ne sais pas qui je suis. Peu importe où je vais, personne ne me connait et l’inverse, pas le moindre visage ne m’est familier. Pas une seule bribe de souvenir ne me revient en mémoire, c’est comme si je n’avais jamais exister. Bien sûr, je me rappel de quelques trucs, je ne suis pas retombé à zéro, comme un bébé naissant. Il me semble que la seule chose que je ne sais pas, c’est qui je suis. J’ai beau faire des rêves étranges et sans but dans lesquels je ne suis pas moi-même, je ne saurai jamais s’ils ont un sens ou non. S’ils sont des souvenirs du passé ou s’ils ne sont que des rêves sans la moindre importance.
 
Je me lève soudainement et prend une douche, avant de passer en coup de vent par la cuisine, où je me sers un café et un déjeuner rapide. Je sors ensuite de l’appartement et me rend jusqu’à la forêt aux pas de course. Le soleil n’est toujours pas présent, mais il ne tardera pas à se montrer. Le temps est frais, mais ça ne me pose pas le moindre problème, au contraire. J’ai tout simplement besoin de me vider les pensées, d’avoir autre chose en tête que ce foutu passé endormi et qui ne semble pas vouloir se réveiller. J’ai beau me creuser la tête depuis des mois, il n’y a rien à faire, c’est le vide total. J’ai beau même essayer de ne pas y penser en ce moment, j’y pense comme toujours. Je n’arrive pas à m’enlever cette obsession de la tête, à me dire que ça ne sert à rien et que c’est peut-être mieux ainsi. Non, je ne sais pas qui je suis, je ne connais même pas mon nom, en fait, je ne sais rien du tout. J’accélère, soupirant pour moi-même, je rage à l’intérieur et le meilleur moyen de me calmer, c’est de me donner à cent pour cent. Si vous saviez l’enfer que je vis chaque jour, si vous pouviez comprendre à quel point ce vide est dérangeant, combien il est enrageant.
 
Après plusieurs minutes, j’arrive à la forêt où je m’enfonce sans m’arrêter une seule fois. J’ai besoin de courir, ça me fait énormément de bien, cependant, je n’arrive toujours pas à chasser ses pensées de ma tête. J’ai beau courir, me donner à fond, c’est toujours du pareil au même, en moins intense cependant. J’essaie de me concentrer sur ce qui m’entoure, de focusser sur mon rythme cardiaque ou sur le paysage, mais rien à faire, il y a toujours quelque chose qui me dérange.
 
J’arrive soudainement à la rivière et sans attendre je me dévêtis, n’étant plus qu’en short puis j’entre dans l’eau froide. Elle est saisissante sur le coup, mais après avoir couru pendant de nombreuses minutes, le contact sur ma peau est agréable. Je m'enfonce dans l'eau, profitant du calme et de la solitude des lieux...

JAKE & NÉHÉMIE ↔ UN PAS DE PLUS POUR SE PERDRE ET L'ON SE TROUVE

J’ouvris doucement les yeux et je posai mon regard sur le plafond en bois clair qui ne m’était pas familier. À cette vue une sourire s’étendit sur mes lèvres, j’étais en Irlande, à Spirit River pour être plus exacte. J’étais ici depuis seulement une journée et c’était la toute première nuit dans cette minuscule auberge complètement dépareillée. L’endroit avait quelques années de retard en ce qui concernait la décoration ou plutôt plusieurs. Malgré tout c’était extraordinairement rafraichissant et heureusement dépaysant. Je regardai tout près de moi le côté du lit toujours impeccable, sans attendre je m’y déplacée, soupirant de contentement au contact des draps frais et intacte sur ma peau. C’était une habitude plutôt étrange, mais du plus loin que je me souvienne j’avais toujours adoré me glisser dans un lit frais et tout propre. C’était la place à Antoine, il n’était pas encore ici, mais dans une semaine ou plutôt dans six jours il allait partager se lit avec moi. J’attendais sa venue avec impatience, mais je m’étais maintenant faite à l’idée d’être seule. Nos retrouvailles n’allaient en n’être que meilleures et cela me laissait un peu de temps pour moi seule.
 
Je paressai quelques minutes dans le lit avant de prendre mon courage et de me lever. Je me dirigeai immédiatement vers le bain. J’y relaxai tranquillement dans une eau tiède avant d’en sortir et de m’enrouler dans mon peignoir. Je peignai mes cheveux, puis j’enfilai mes vêtements avant descendre pour prendre le petit déjeuner. Je bus tranquillement un jus d’orange et un café et partageai une viennoiserie avec un petit garçon qui n’avait de yeux que pour mon assiette. Après que ces parents l’eurent rappelé et grondé, pour m’avoir dérangé, je me levai, leurs assurèrent qu’il n’y avait aucun problème puis sorti. Je marchai plusieurs minutes dans le magnifique village. Il était assez tôt et pratiquement aucunes des petites boutiques n’étaient ouvertes. Je décidai alors de continuer plus loin, d’explorer un peu plus ce nouvel endroit. J’arrivai rapidement à ce qui semblait être la fin du village, je regardai autour de moi, la route continuait vers d’interminables plaines et à ma gauche il y avait la forêt. Je la regardai un instant, elle était belle. J’avais toujours eu un faible pour la nature, mais étais-ce vraiment raisonnable de s’y aventurer, je ne connaissais pas l’endroit et si je me perdais personne ne le remarquerait, j’étais seul et nul n’attendait après mon retour. Je rebroussai chemin, c’était plus prudent…  Après seulement quelques pas je fis volte-face, Antoine commençait à déteindre un peu trop sur moi avec sa prudence et sa prévoyance excessive, ce n’était qu’un bois après tout et qui de plus était doté d’un petit sentier.
 
J’avançai dans la forêt, c’était beau extraordinaire même, c’était exactement ça la magie des voyages. Ailleurs tout était toujours si beau, si vert, si magique. Je marchai longuement tout en fermant parfois les yeux, je me laissais guider par mes sensations, par l’énergie incroyable de l’endroit. Je marchai ainsi jusqu’à la rivière où je décidai de m’arrêter un peu. Je m’approchai d’un arbre et posai ma main sur son tronc, non pas celui-là. Puis je me dirigeai vers un autre un peu plus petit et le frôlai du bout des doigts, ni lui. Mon regard s’arrêta alors sur un grand arbre qui était tout près de l’eau. Je n’eu aucunement besoin de le toucher je sentais déjà qu’il était parfait. Je m’y adossai et me concentra un moment sur le magnifique feuillu, sur ses branches, ses feuille, son tronc, son écorce, ses racines ensevelies sous la terre. Ressentant le vent dans jouer dans ses immenses feuilles vertes déployées vert le ciel, le soleil les réchauffer, la sève y circuler tranquillement… C’était mon père qui m’avait montré à méditer avec les arbres, à s’unir avec la nature pour se revigorer. Et j’adorais cela, c’était presque comme une drogue.

Je ne sais pas combien de temps s’écoulèrent avant que quelqu’un ne vienne troubler mon silence. J’ouvrai les yeux en sursautant au contact de plusieurs gouttes d’eau sur ma peau. Je dirige mon regard vers la rivière, rien, seulement des vagues, il est encore sous l’eau. Je soupire un peu et secoue la tête, j’ai cette affreuse tendance à perdre contact avec ce qui m’entoure lorsque je médite. Mon père et Rachel me l’ont si souvent reproché. La personne sort enfin la tête de l’eau elle est assez loin, mais je vois bien que c’est un homme. Il nage tranquillement je ne sais pas pourquoi mais je jurerais qu’il ne sait pas que je suis là. Je referme les yeux et commence à repenser à l’arbre… l’homme. Une seule minute s’écoule c’est plus fort que moi j’ouvre à nouveau les yeux pour le regarder.

NÉHÉMIE & JAKE ↔ CE N'EST QU'AVEC LE PASSÉ QU'ON FAIT L'AVENIR

Je nage quelques instants, profitant de la fraicheur de l’eau puis je remonte à la surface. Mon esprit est envahi par les mêmes idées, les mêmes pensées, il n’y a rien à faire, même le contact avec cette eau froide ne m’a pas empêcher d’y penser. C’est omniprésent dans ma tête, c’est une obsession qui jamais ne s’en va. J’en ai marre et pourtant, je n’y peux rien du tout, il n’y a rien à faire. Je laisse échapper un léger soupire alors que mon regard se pose sur une silhouette. Non loin de moi, près d’un arbre se trouve une jeune femme. À cette distance, je distingue sa longue chevelure blonde et je jurerais que ses yeux sont clos. Je l’observe en silence durant quelques secondes, m’approchant de quelques pas seulement. Jusqu’à maintenant, je n’avais pas constaté sa présence et pourtant, elle est là à quelques mètres de moi. D’où je suis, elle me semble jolie, très jolie même, ça se ressent jusqu’ici.

Quelques secondes s’écoulent avant qu’elle n’ouvre les yeux, son regard se posant aussitôt sur moi. Inconsciemment, je me rapproche d’elle, désirant voir de plus près ce visage qui me semble dépourvu de toute imperfection. Jolie me parait alors être un mot faible, elle est plus que ça, elle est tout simplement magnifique. J’ai toujours eu un fort penchant pour les blondes et celle-ci me semble carrément sublime. Je m’approche tranquillement du bord et me hisse sur la terre ferme. Ce visage... il me parait familier et pourtant, je ne pourrais mettre le doigt dessus...

Toujours dans ce même silence, je fais quelques pas vers elle. J'ai l'impression de l'avoir vue quelque part, sans toutefois pouvoir me rappeler où. Je fronce les sourcils, essayant de me souvenir où j'ai bien pu la croiser. J'ai tendance à me rappeler des beaux visages avec plus de certitude, mais celui-ci n'est qu'un flou souvenir. Je l'ai déjà vu quelque part, j'en ai la conviction, mais j'ai l'impression que c'est il y a très longtemps. Quoi qu'il en soit, sa beauté n'est pas anodine ni quelconque, bien au contraire. Je ne me rappel pas avoir déjà une femme d'une aussi grande beauté. Elle est tout simplement magnifique avec ce visage parfait et totalement envoûtant.